• Insensiblement, ton corps change d'attitude,


    Insensiblement, ton corps change d'attitude, presque de forme. Je te sens tendue vers l'eau, prise du désir de t'y confondre.

    - Tu veux que je plonge et que je passe rive gauche ? Dis, tu veux que j'aille voir ?

    Cette fois, tes cheveux et tes lèvres ont pris des reflets garance. La couleur exprime une profonde urgence, un besoin épais, un tumulte à apaiser. Tu as envie de me parler de ce qui se passe en toi.

    Je suis seul, je me penche au dessus du pont et prends la route de l'eau pour parvenir jusqu'à toi. Ta citadelle hérissée. Arrivé sur la place, une herse douce s'abat sur moi, me ralentit. Ce sont les mailles de ton souffle. Ton corps est endormi, mais ton esprit veille à la fenêtre de l'imaginaire, tempête en filets serrés, soupir en silence sur l'autre rive. Tu expliques cela par la loi de l'amour à l'envers, quelque chose comme une force qui serait inversement proportionnelle à nous.

    Comme je comprends aussi bien ces gestes que ces mots, tu tends les bras, les écarte l'un de l'autre avec un joli mouvement ondulé. Je me cramponne aux briques, aux feuilles des arbres, aux pare-chocs des voitures, résistant le plus longtemps possible à la poussée du sol qui s'est fait tapis roulant sous mes pieds et m'éloigne en arrière.

    Alors, sous le vent versé de ta fenêtre, le fleuve se couvre et se creuse de petits plis élégants. C'est beau. On aurait presque l'impression de se noyer dans des draps ou dans une toge du soir. Tu a traversé le fleuve depuis un long moment. Dis-moi quelles couleurs tu portes, quelles sont tes expressions favorites en ce moment et la chanson que tu as dans la tête. Quand nous nous retrouvons, la nuit, le temps ne se mesure pas. Il arrive même que des réponses arrivent avant les questions.

    Parmi tous les tags, il y avait toi au milieu du mur. Peut-être que nos plaies se complétaient, ou bien quelque chose dans mon regard t'a réveillée. Tu t'es animée sous mes yeux, d'abord une onde courant dans la pierre, la soulevant, puis un corps qui prenait du volume. Tu ne m'a pas parlé tout de suite mais m'a d'abord emboîté le pas, me suivant vers les vagues, là où j'aimais m'asseoir, et te regarder longuement à travers l'eau, la pierre et le feu.

    Texte©Dhimwoe
    Photo©L.C.

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